" Y a des silences qui disent beaucoup. Plus que tous les mots qu'on avoue. Et toutes ces questions qui ne tiennent pas debout. "

Alyssa & Lorcan

Rainmist. Voilà désormais quelques temps que la jeune vampire y habitait. Comment avait-elle échouée dans ce trou paumé ? Elle n'en avait aucune idée. Mais le fait était qu'elle y était et ne pouvait en sortir, alors ... Se promenant une fois de plus dans la forêt alentour, la vampire avait cherché tout d'abord à se nourrir au cou d'un animal quelconque, une biche sans doute. Mais rapidement elle avait oublié cette idée, la soif se faisant de moins en moins présente en elle. Cela faisait plusieurs jours qu'elle ne se nourrissait plus - ou uniquement par acoups, pour survivre. Quelques temps auparavant, elle avait vu dans la ville, à la nuit tombée se promener une silhouette reconnaissable entre milles pour ses yeux habitués. Non, ce ne pouvait être possible. Il ne pouvait être là. Elle l'aurait su bien avant. Et pourtant ... Lorcan vivait lui aussi à Rainmist. Il ne lui avait rien dit. Savait-il seulement qu'elle aussi avait échouée ici ? Ca faisait quand même près de quatre-vingt ans qu'ils ne s'étaient pas parlés, pas adressés un seul mot, un seul regard. S'il n'y avait pas eu ce Dorian ... Se rappelant les sentiments qu'avaient eu le blond pour elle dans les années 20, Alyssa sentit son coeur se serrer et les larmes poindre aux coins de ses yeux. Les essuyant d'un geste dur de la main, elle essuya cette dernière sur sa longue robe rose pâle qui voletait autour de sa silhouette fine. Elle marchait encore, allant là où la guidaient ses pas. Une main passa dans sa chevelure fluide, parmi ses lourdes boucles brunes. Elle leva les yeux au ciel pour les plisser finalement. Le soleil encore fort lui brûlait la rétine. Sa peau chauffait un peu. Mais en cent dix années de vampirisme, elle avait réussi à gagner un peu de résistance face à cet astre lumineux, la rendant capable de sortir en plein jour, histoire de ne pas paraître trop étrange et suspecte aux yeux des humains qu'elle cotôyait quotidiennement. Ce fut lorsqu'elle sortit de sous la cime des arbres qu'elle le vit enfin. Il était là. Ainsi, elle n'avait pas rêvée la première fois. Lorcan était bien ici. Le vampire était entrain de se déshabiller, se préparant sans doute à aller nager dans cette rivière que la brune affectionnait aussi. Si elle avait pu rougir, elle l'aurait fait instantanément. L'homme était toujours aussi beau. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres peintes d'un rose léger et ses yeux vinrent se coller à la silhouette qu'elle distinguait parfaitement, malgré la cinquantaine de mètres entre eux. Mais alors qu'il allait retirer son pantalon et qu'elle se mordait la lèvre doucement, se demandant encore si elle ne devrait pas baisser les yeux par pudeur, il arrêta son mouvement et leva les yeux vers elle. Il l'avait vu. Reprenant contenance, elle se redressa et lui fit un signe de la main. Lorcan ne bougea d'abord pas, attendant sans doute quelque chose. Son départ, certainement. Non, il était hors de question qu'elle parte. Pas après tout ce ce temps. Pas alors qu'elle était enfin libre, enfin pleinement consciente d'elle-même. La vampire croisa alors son regard et Lorcan eut un sourire à son égard, ainsi qu'un geste de la main. Elle rit doucement. Un son cristallin qui résonna entre les arbres, parvenant sans aucun doute aux oreilles de l'homme.

- Salut, Lorcan. Dit-elle doucement. Attends-moi !

Puis, à vitesse vampirique, elle se mit à courir dans sa direction, le rejoignant en peu de temps, légèrement décoiffée par la course et le vent, mais toujours aussi belle ainsi que l'est tout vampire. Elle n'était maintenant plus qu'à quelques petits mètres de lui et elle put admirer à loisir la silhouette splendide de l'homme. Dieu qu'il était beau ! Ses lèvres se pincèrent. Elle mordit l'inférieure en un geste mutin. Ses yeux chocolat rieurs pétillaient.

- Toujours aussi charmant.

" Y a des silences qui disent beaucoup. Plus que tous les mots qu'on avoue. Et toutes ces questions qui ne tiennent pas debout. "

Alyssa & Lorcan

Il avait remis son t-shirt. Dommage ! Plongeant un instant son regard dans celui si beau du vampire, la jeune femme se mit à rougir. Juste un peu, mais assez pour qu'il s'en rende compte, c'était certain. Pourquoi était-elle revenue ? A vrai dire, elle avait ré-atterrie ici par pur hasard. Haussant les épaules, elle sourit faiblement.

- Aucune idée. C'était sur mon chemin, sans doute.

Elle s'approcha un peu plus de lui, jusqu'à n'être plus qu'à quelques centimètres de lui. Elle pouvait sentir son souffle sur sa peau et frissonna. Il était si beau ! Elle baissa un instant les yeux et tordit ses doigts, ne sachant par où commencer. Il fallait qu'elle ait un contact avec lui. Un vrai contact. Physique. Oui, après tout ce temps, il le fallait. Elle devait le toucher, s'assurer qu'il était bien réel. Elle avait encore beaucoup de mal à y croire. Après la façon dont ils s'étaient séparés, le vrai Lorcan serait-il réellement capable d'être aussi gentil avec elle ? Alyssa prit alors les mains du blond dans les siennes et sentit une douce chaleur s'emparer d'elle. Une sensation de bien être la parcourut. Etait-ce vraiment ce qu'elle croyait ? Etait-elle réellement entrain de tomber amoureuse de lui ? Elle retint un éclat de rire nerveux, prit une profonde inspiration.

- Lorcan, je sais que j'ai dit des choses horribles à Chicago. Mais ... Elle marqua un arrêt de quelques longues secondes. Mais, je n'étais pas moi-même. Dorian me ... il me contrôlait.

Une larme unique coula sur sa joue à la pensée de ces mots qu'elle lui avait dit. Jamais elle ne pourrait oublier. Comme elle ne pourrait oublier le regard de Lorcan quand il les avait entendu. Elle lui avait fait tant de mal. Elle en était consciente et en souffrait. Resserrant sa prise sur les mains de son ancien ami, elle plongea une fois encore son regard dans le sien.

- Pardonnes-moi ! Je t'en supplies, Lorcan.

" Y a des silences qui disent beaucoup. Plus que tous les mots qu'on avoue. Et toutes ces questions qui ne tiennent pas debout. "

Alyssa & Lorcan

Elle écouta ses mots attentivement, ne chercha pas à reprendre ses mains, ni à se rapprocher encore quand il recula. Son regard était baissé sur ses pieds, honteuse. Elle mordit ses lèvres tout du long pour ne pas fondre en larmes, un mince filet de sang coulant le long de son menton. Lorcan l'aimait. A vrai dire, elle le savait déjà. Mais ... l'entendre le dire encore et surtout parler d'une chose impossible, d'un amour utopique déchirait le coeur de la brune. Elle lui avait fait tellement de mal. Et pourtant, il disait ne pas lui en vouloir. Dieu ! Elle s'était comportée comme un véritable monstre avec cet homme. Elle s'en rendait compte maintenant. Alors qu'il la contourna et s'éloigna, Alyssa leva les yeux et se tourna vers lui. Les larmes coulèrent sur son visage fin et elle trembla.

- Lorcan ... Souffla-t-elle, pensant qu'il n'allait sûrement pas l'entendre... Je t'aime aussi.

Oui, elle l'aimait. Maintenant, ça lui revenait en mémoire. Ces sentiments qu'elle avait voulu taire tout durant refaisaient surface. Elle se souvint de cette fois où elle avait voulu lui apprendre à nager et où elle l'avait embrassé. Sur le moment, elle avait fait passé ça pour une simple attirance physique. Mais maintenant, avec le temps, Alyssa savait qu'il y avait plus. Bien plus. Mais, allait-il la croire ? Après tout, il avait toutes les raisons de la considérer comme une menteuse. A vitesse vampirique, elle arriva devant lui et le regarda dans les yeux, prenant son visage dans ses mains.

- Écoutes-moi, Lorcan. Je ne te demande que ça. De m'écouter. Après, je te laisserais partir. Je t'aime, d'accord ? J'ai été stupide. J'ai rien voulu entendre. J'ai cru qu'on ne pourrait jamais être ensemble, que tu ne m'aimais pas, que tu m'attirais seulement ... Enfin, plein de conneries du genre. Mais maintenant, je le sais. Je t'ai toujours aimé. Il est sans doute trop tard. Je le comprends et le conçois bien. Mais saches que ton amour a été partagé. Mais que j'ai été trop stupide pour m'en rendre compte...

Elle avait dit ces mots d'une traite, en une seule expiration. Baissant encore les yeux, elle laissa glisser ses bras le long de son corps et recula de quelques pas, allant s'asseoir sur une pierre quelques mètres plus loin. Adieu Lorcan.